Taglià a Sciatica in Erbaghjolu
La population Corse, qui a depuis toujours baignée dans un climat magico religieux, a toujours été réceptive aux vertus de la médecine populaire exercée par les guérisseurs.
Ces pratiques produisaient une influence certaine sur la vie des gens au quotidien.
Les guérisseurs étaient donc régulièrement sollicités pour régler des problèmes que la médecine «officielle » était incapable de résoudre.
Aujourd’hui encore il faut se rendre dans le village d’Erbaghjolu pour rencontrer Marius Meton, qui est l’un des derniers « coupeur de sciatique » de la région.
« Couper la sciatique (Taglià a sciatica) » est une forme de médecine populaire transmise par un initié à un demandeur, avec ou sans prière particulière, contrairement aux « signatori », ceux qui chassent « le mauvais œil (l’ochju) ».
Ceux qui souffraient d’une irritation ou d’une inflammation du nerf sciatique venaient, des quatre coins de l’île, se faire soigner dans le village d’Erbaghjolu.
A noter que dans certains villages du Fium’Orbu aussi a pratiqué cette technique jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale.
Le nerf sciatique est le nerf le plus long et le plus volumineux de l’organisme. Au niveau du bas de la colonne vertébrale (u filu di u spinu), il se divise en deux faisceaux qui longent la face arrière des jambes. C’est un nerf qui permet, entre autre la motricité et qui donne la sensibilité à la peau. La compression du nerf provoque de vives douleurs qui entraînent une incapacité à se mouvoir ou à travailler. Les personnes atteintes par ce mal devaient impérativement se faire soigner pour continuer à exercer leurs activités quotidiennes.
Le guérisseur recevait son patient à la maison (dans les temps anciens « l’opération » était effectuée dans l’atelier du forgeron). Il était mis en condition « psychologique », avant d’être allongé sur une table, la tête posée sur un gros livre ou sur un morceau de bois (l’oreille contre le livre).
L’intervention se fait au niveau de l’oreille. Le guérisseur marque un point au crayon, il récite en silence sa prière (precantula), puis il pose une plaque de fer percée (ou une cuillère percée) sur l’oreille et passe, a travers le trou un fer rougi (ferru infiaratu), à la braise (ou bien au chalumeau), qui effleure le point marqué, situé sur le cartilage interne (incavatura di l’arechja).
La même opération est répétée entre l’orteil et la quatrième phalange du pied (en médecine chinoise, l’orteil est la terminaison d’un méridien d’acupuncture).
Ces deux « interventions » durent une fraction de seconde, l’opération n’est pas douloureuse. Légèrement brûlée, la peau est imprégnée d’huile d’olive pour éviter la formation d’une croûte et pour la cicatriser. Dans les temps anciens, les guérisseurs utilisaient une plante grasse, l’ombilic des rochers (a baioccula). Le liquide graisseux obtenu en pressant les feuilles était versé sur la brûlure pour sa cicatrisation.
Le « coupeur de sciatique » met en pratique la technique de la pointe de feu bien connue des acupuncteurs. Certains points du corps sont, selon le dire de médecins, des zones réactogènes par où circule l’énergie – le point de l’oreille est signalé dans une thèse de médecine et répertorié sous l’appellation de « puntu corsu », le point corse. Ces points sont tout simplement stimulés en envoyant une impulsion, dans ce cas précis, c’est une forte et brève chaleur. La douleur disparaît instantanément.
Sans le savoir, de manière empirique, les soigneurs appliquaient des principes de la médecine chinoise.
Les « coupeurs » distinguaient deux formes de sciatique : la sciatique « chaude » qui pouvait se guérir au bout d’une ou plusieurs séances et la sciatique « froide », que l’on pouvait soulager mais non guérir.
Les « coupeurs » de sciatiques ont soigné pendant des décennies des centaines de personnes (insulaires et même des personnes venues du continent). Marius continue aujourd’hui encore à exercer son art.
Bientôt en ligne la video du magazine "Di Casa" de France3 Corse sur la siatique
01/09/2008
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