15/10/2008

Article N° 06 - 03 U Capitanu Ghjucumu CASELLA


Chanson: Corsica nostra

L’histoire se déroule lors de l’été 1768. La France vient d’acheter la Corse à la République de Gênes.

Les Corses se révoltent, et, sous le commandement de Pascal Paoli, l’armée corse va, pendant près de douze mois, tenir tête aux troupes françaises débarquées sur l’île. Le 23 août 1768, trois colonnes, fortes chacune de 400 hommes, se mettent en mouvement. La première colonne commandée par le Général Marbeuf, part de Brando, traverse l’épine dorsale du Cap à Bocca di Serra et occupe Olcani et Albo, au nord de Nonza. La deuxième colonne, commandée quant à elle par le Général De Coigny, part de Bastia, passe le col de saint Léonard et s’empare de D’Olmeto di Capo Corso, à l’est de Nonza. Enfin la dernière colonne, commandée par le Général De Grandmaison, part de Patrimonio, suit le littoral et marche sur Nonza. Cette colonne est de loin la plus dangereuse des trois, car elle est pourvue d’une artillerie puissante et bénéficie, en plus, de l’appui du navire de guerre 'Le Sagittaire'. Face à ce déploiement de force, l’armée corse ne peut opposer que 200 hommes commandés par Barbaggi et en poste à Nonza.
Celui-ci, craignant l’encerclement, décide d’abandonner Nonza et de fuir vers le nord du Cap. Or, parmi ces 200 hommes, se trouve un vieux vétéran nommé Jacques Casella, originaire d’Erbaghjolu dans les environs de Corte. Une mauvaise blessure l’a rendu boiteux et ses béquilles ne lui permettent pas de suivre ses camarades dans la retraite. Il reste donc seul dans la tour de Nonza… Quand les troupes de De Grandmaison arrivent devant cette pittoresque et impressionnante position militaire, de chaque meurtrière partent des coups de fusil et le canon de la tour se met à tonner. Considérant l’aride piton sur lequel est bâti le fort, le général français comprend que l’assaut risque de lui coûter ses meilleurs militaires. Il décide de parlementer. Un émissaire est envoyé vers les assiégés pour demander les conditions d’une capitulation. Le messager revient avec un papier qui lui a été lancé d’une meurtrière. Dans cette lettre, le gouverneur de la tour propose les conditions suivantes : " La garnison corse sortira du fort, bannière déployée, avec armes et bagages, tous les honneurs militaires lui seront rendus. D’autre part, les Français fourniront les moyens de transport nécessaires pour ses effets et le canon, afin que la garnison puisse rejoindre librement le gros des forces nationales ". De Grandmaison accepte. L’armée française présente les armes…et la porte de la tour livre passage à un petit boiteux goguenard qui essaye de donner à ses béquilles un certain rythme martial. Ne voyant sortir plus personne à la suite, le général demande :
– Et la garnison, où est-elle ?– Voyez en ma personne, Mr le général, et la garnison et le gouverneur.
De Grandmaison croit d’abord se trouver devant le diable, (qui comme chacun sait est boiteux), mais le Corse lui raconte comment, après avoir fixé un fusil à chaque meurtrière, il a joué pendant une longue journée le soldat orchestre... L’officier français aimait l’héroïsme, même lorsqu’il s’exerçait à ses dépens. Il fit raccompagner Jacques Casella par un piquet de cavalerie jusqu'à Murato, où se trouvait le quartier général de Pascal Paoli.

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